Colloque international à Toulouse du 5 au 7 octobre 2000

POUVOIRS DE LA FAMILLE

FAMILLES DE POUVOIR

Organisé à l'initiative de l'Unité de Recherche France Méridionale et Espagne (FRAMESPA)

 

Communication de Marc JUSTAFRE

L'exercice héréditaire des fonctions seigneuriale et municipale
dans une communauté du Vallespir sous l'Ancien Régime.

                1. Notes.

 


 

Communication de Marc JUSTAFRE

L'exercice héréditaire des fonctions seigneuriale et municipale
dans une communauté du Vallespir sous l'Ancien Régime.


Las Illas, un village montagnard du Vallespir, se situe à un dizaine de kilomètres de Céret, à la frontière franco-espagnole. Au XVIIIe siècle, la communauté des habitants est dirigée par la famille Justafré, dont la branche principale réside sur leur propriété dite lo mas Duran , qui devient au XIXe siècle lo mas Batlle. L'acquisition des autorités seigneuriale et municipale par cette famille au sein de la communauté et sa conservation sont le fruit d'une triple prépondérance : la permanence de cette lignée qui forme une casa païral [1], une première place dans le foncier qui lui assure une prospérité économique, et la confiance du seigneur de Las Illas qui en fait son agent local. Nous pouvons nous demander comment cette famille gère l'exercice de ces fonctions qui la placent entre le seigneur et les habitants, leurs intérêts propres et ceux de la communauté.


Une casa païral.

La famille Justafré est la plus ancienne que nous connaissions à Las Illas. La mention se trouve dans un codicille à un testament de 1399. Elle y est également possessionnée depuis cette époque. Ses membres ont le statut de pagès, de paysan aisé. A la fin du XVe siècle, Bernat Giscaphre fait partie des chefs des quatre feux recensés à Las Illas. Son petit-fils, Michel Justafré dit Michalot, se voit confirmer par Pierre de Darnius le 23 janvier 1551 la possession de deux manses dans la seigneurie : " duas mansatas meas una quarum vocatur mas de Casa Nilla et altera vocatur Casa[n] Dura[n] " [2]. Il est un des rares chefs de famille a être recensé au fouage de 1553. Michalot Juscafreda est alors baille [3] de Las Illas. Cette fonction est encore occupée en 1789 par un Michel Justafré, lequel est un des plus importants propriétaires fonciers de la seigneurie. Il appartient à la branche cadette des Justafré installée au milieu du XVIe siècle sur le manse Duran, la branche aînée conservant celui de Casa Nilla. Progressivement, sa famille détient et exerce plusieurs charges de la vie municipale et religieuse dans la communauté, en lieu et place de la branche aînée en déclin. Elle est un des acteurs influents et prépondérants de la vie des habitants de cette localité au XVIIIe siècle. La longévité de cette famille et ses ramifications lui ont permis de concentrer le pouvoir sur la vie municipale et de le conserver.


Le pouvoir municipal et son exercice à Las Illas.

Les affaires importantes de la communauté sont discutées au Conseil Général des habitants, qui regroupe tous les chefs de feu. Chacun selon sa condition, brassier, métayer et pagès, y participe, y a la parole et le droit de vote. Nous ignorons le fonctionnement précis du Conseil Général de Las Illas au XVIe siècle, ainsi que sa composition et la fréquence de ces réunions. Cependant, même si nous ne trouvons pas de mention de consuls au XVIe siècle, une organisation municipale existe, puisque des pagesos représentent la communauté en diverses occasions, lors d'un procès en 1556 avec le seigneur à propos des droits de pacage et en 1579 lors de la concession de l'exploitation d'un bois à un menuisier de Céret. En 1619, quatre pagesos de Las Illas reconnaissent au nom de la communauté leur nouveau seigneur : " intervenerunt et presentes fuerunt honor[] Michael Justafre baiulus, Antichus Justafre, Petrus Justafre et Joannes Mas omnes probi homines et singulares dicti termini " [4]. Cette mention nous montre que la famille Justafré s'est ramifiée en trois branches. Ses membres détiennent trois grands mas sur les cinq qui existent à Las Illas.
Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, le nombre de feux et donc celui des chefs de famille composant le Conseil Général est réduit à moins d'une dizaine de personnes. Dans cette assemblée la famille Justafré est largement représentée. En 1666, alors que la seigneurie compte environ neuf tenanciers, six hommes de Las Illas interviennent pour nommer deux d'entre eux syndic afin de convenir d'un contrat sur les herms, les droits de pacage et de boisage avec le seigneur du lieu. Ils représentent la communauté et appartiennent pour la majorité aux grands mas. Quatre d'entre eux font partie de la famille Justafré : " son estat p[rese]nti los honors Joseph Mas ["Marill" avait été écrit avant] balle de dit lloch, Joseph Justafré y Miquel Justafré lo p[rese]nt y corrent any consols dedit lloch y terme de Las Illas, Joseph Cardona, Miquel Justafré ats Calot et Pera Miquel Justafré tots homent singulars y habitants dedit lloch y terme de Las Illas es la major y mes sana part " [5]. Nous voyons apparaître la fonction de consul, qui est alors exercée par les deux représentants les plus influents des branches Justafré. Toutefois, au milieu du XVIIe siècle la charge de baille n'est pas conservée par cette famille, puisqu'elle est alors détenue par Joseph Mas. Il existe donc un partage des fonctions seigneuriales et municipales entre les grands propriétaires de Las Illas au XVIIe siècle. La communauté des habitants apparaît réduite mais organisée.


Vers l'hérédité de la fonction de baille.

Du XVe au XVIIe siècle, la charge de baille n'est pas l'apanage exclusif de la famille Justafré. La nomination de cet agent seigneurial est à la discrétion du seigneur, qui choisit l'homme le plus apte, le plus fidèle à le représenter et à défendre ses intérêts vis-à-vis de la communauté. Après le décès de Michel Justafré en 1555, la fonction est exercée par un dénommé Lorens Canta. L'héritier du défunt, Antich Justafré, n'a alors que cinq ans. La charge est récupérée au début du XVIIe siècle par une branche collatérale, représentée par Michel Justafré en 1619. Non pas celle d'Antich, alors fortement endettée, mais celle de son neveu, qui perpétue le pouvoir économique et municipal de cette famille sur Las Illas. Nous retrouvons des mentions de Michel Justafré baille de Las Illas de 1617 à 1647, ensuite, alors que Michel Justafré est encore vivant, c'est Joseph Mas, pagès de la Costella (une importante métairie) qui exerce cette fonction de 1662 à 1676. Nous pouvons émettre deux hypothèses sur ce changement : une incompatibilité d'humeur avec le seigneur (ce qui nous paraît improbable) ou un âge avancé du détenteur. Michel Justafré dans les années 1660 a environ soixante-dix ans. Mais la fonction n'est pas transmise immédiatement à son fils Joseph Justafré, lequel doit attendre 1677 avant de l'obtenir.
Ce petit historique de la transmission de la charge de baille de Las Illas montre qu'il n'existe pas d'hérédité jusqu'à la fin du XVIIe siècle. C'est au bon vouloir du seigneur. Cette commission a une limite dans le temps puisqu'elle est renouvelable à chaque nouveau seigneur. Elle s'achève avec le décès ou la démission du détenteur. Nous ne connaissons pas d'exemple ici de révocation ferme, chaque démission prononcée est dite " sans marque d'indignité ". Ainsi une situation démographique calamiteuse, une ruine économique, peuvent exclure les membres d'une famille et interrompre cette continuité de l'exercice de la fonction de baille. C'est pour le seigneur tout son intérêt de choisir l'homme le plus compétent et le plus influent dans la communauté car les tâches sont multiples.

Le baille est un commissaire seigneurial. Il exerce des fonctions de justice et de police au sein de la communauté par délégation seigneuriale. Le 7 avril 1619, le représentant de François Pons de Vilanova, nouvel héritier de la seigneurie de Las Illas, révoque Michel Justafré de sa charge de baille : " dictum Michaellem Justafre baiulum predictum asuo ipsius baiuli osticio incontinenti destituit amovit et revocavit ", pour immédiatement le réintégrer dans la même fonction avec les signes des juridictions civile et criminelle, moyennant la prestation d'un serment et d'un hommage de fidélité : " dictus Joa[n] Vinyes dicto no[]ie dictu[] Michaellem Justafre in baiulum dicti termini de Les Ylles creavit recepto a dicto Justafre sacramento et homagio, et convenit et p[]missit q[] dictum baiuli asticiu[] exercebit de quibus ".
Au milieu du XVIIe siècle, le seigneur de Las Illas est Joseph d'Ardène , comte d'Ille, héritier de la baronnie de Darnius et donc de la seigneurie de Las Illas. Dans le conflit opposant les royaumes de France et d'Espagne, Joseph d'Ardène s'est engagé dans le parti pro-français ; maréchal de camp de Louis XIII, il est devenu un des lieutenants généraux des armées de Louis XIV. Pour les services qu'il a rendu pendant plus de vingt ans dans les armées royales, en juillet 1661, Louis XIV lui octroie les droits de haute et de moyenne justice, qui s'ajoutent à celle de la basse justice qu'il exerçait déjà sur sa terre de Las Illas, seigneurie que le souverain érige alors en comté : " Avons icelle terre des Illes circonstances et dépendences d'icelle et les annexes, acquisitions et augmentations qui ÿ pourront estre faictes cré[é]es érigées et eslevées, créons érigeons et eslevons par ces d. présentes en tiltre, qualité, dignité, et prééminence de Comte soubs le nom et appellation des Illes, et aux mesmes armes qu'il a cÿ-devant porté en qualité de Comte de Ille, laquelle comté relévera doresnavant nuement et immédiatement de nous en pleine foÿ et hommage à cause de nostre comté de Roussillon " [6]. En conséquence et comme symbole de son autorité judiciaire, Joseph d'Ardène peut alors " faire dresser potences et fourches, patibulations suivant la coustume des lieux et telles qu'il est loisible à un compte de l'y pouvoir faire eslever ". Finalement le roi lui accorde " le droict et faculté de présider les nobles lorsque les estats du comté de Roussillon, Conflens pays adjacens seront assemblées et de conduire la noblesse des d. pays quant la nécessité de nos affaires ou celle de nos successeurs roy[]x y obligera, d'ÿ convoquer le ban et arrière ban, et ce par prefference et à l'exclusion de tous autres, voulons et nous plaist que les d[] droicts demeurent annexés, joincts, unis et at[t]achés au d[] comte des Illes, tant et si longuement qu'il sera possédé par le d[] Don Joseph D'Ardennes et ses successeurs venants de luÿ en légittime mariage ". Voilà une grande noblesse et un statut très honorifique pour une petite seigneurie en terre et en tenanciers.
Joseph Mas est alors le baille du comté de Las Illas. Certainement après le décès de Joseph d'Ardène en 1677, Joseph Justafré devient le nouvel agent seigneurial. A partir de lui, la charge se transmet sans interruption à chacun de ses descendants jusqu'en 1789. Sa famille est proche de la veuve de Joseph d'Ardène. En 1683, " la Ex[]ma senyora dona Llusia Isabel de Ardena de Arago ÿ de Aÿbar viuda relicta del Ex[]m senÿor don Joseph de Ardena ÿ de Darnius q° compte de dit lloch de Las Illas llochtinent general en las armadas del reÿ nostre senÿor (que Deu prospere) en las villas de Paris Perpinÿa ÿ de Illa respectivement lo die de son obit popular " fait partie des personnes qui ont organisé le mariage entre Joseph Justafré, fils du baille de Las Illas, et sa lointaine cousine Madeleine Justafré, fille d'un autre pagès. Orpheline dès 1674, la jeune Madeleine avait été prise au service de la comtesse, laquelle pour la remercier des services rendus lui fait donation de " vint sents blanchs a raho de nou plata per sent blanch ", payables sous la forme d'une pension. Le mariage est célébré à Ille-sur-Têt le 2 mars 1683.
La lignée de Joseph et de Madeleine Justafré est alors au service de la famille d'Ardène et des comtes de Las Illas. Après le décès de son père le 25 janvier 1694, c'est Joseph Justafré qui lui succède dans la fonction de baille. Il est qualifié de tel dans un acte de baptême d'octobre 1694. Lors de la nouvelle prise de possession du comté de Las Illas en juin 1718, Joseph Justafré est reconduit dans sa charge " avec les honneurs et salaires qui ÿ sont deubs " [7]. En 1727, il profite d'une nouvelle cérémonie pour transmettre le flambeau à son fils Pierre Justafré : " Et tout incontinent sans pourtant note d'infamie a révoqué de la charge de Baille dud[it] terroir ledit Joseph Justafré par la remise du baton par luy faite et à de nouveau créé et député pour baille du même terroir Pierre Justafré son fils avec tous les honneurs droits salaires et prérogatives à lad[]e charge accordées et desquelles les autres bailles ont joui lequel icy présent acceptant lad[]e charge par la remise de la bare ou baston à luy faite par led[it] sieur procureur a promis de bien et fidellement exercer lad[]e charge et administrer justice aux habitants en vertu de quoÿ a presté serment et homage de fidélité entre les mains et pouvoir dudit Sr Bosch et Verdalet audit nom " [8]. Remarquons que Pierre Justafré n'est alors âgé que de trente-six ans et que son père en a soixante-quatre. Ainsi la transmission de la charge s'organise au sein de la lignée comme celle du patrimoine à l'hereu (l'héritier désigné), avec la permission du seigneur. Finalement lors de la dernière désignation d'un baille par le comte de Las Illas, le 17 mars 1761, nous voyons que l'hérédité est assurée. En raison de son grand âge (il a soixante-dix ans) Pierre Justafré démissionne de sa charge de baille et prie le seigneur d'y nommer son fils Michel. Au vu des qualités reconnues au postulant, le seigneur accepte : " Pierre Justafré pages et baÿle dudit lieu de Las Illes exerceroit depuis longues années la charge de Baÿle dudit lieu et terroir de Las Illas, et qu'à cause de son grand âge étant plus que septuagénaire il ne pourroit remplir avec exactitude les devoirs de sa charge en conséquenceil auroit prié d'accepter sa démission et de vouloir nommer un autre à sa place à cet effet ayant égard à la prière et confiant pleinement de la bonne foÿ, intelligence capacité et de la bonne vie et moeurs de Michel Justafré fils dudit Pierre Justafré à cet effet mondit sieur le comte de Darnius par le présent acte a nommé et nomme ledit Michel Justafré pages dudit lieu de Las Illas pour Baÿle dudit lieu et terroir de Las Illas avec tous les honneurs, profits, salaires et prerrogatives dont ont jouï et jouissent et ont accoutumé de jouir pareils baÿles " [9]. Le pouvoir judiciaire émanant du seigneur devient au XVIIIe siècle une exclusivité de cette famille de pagesos. Il lui permet d'intervenir avec plus de poids dans la police et dans la vie municipale.


Les missions du baille.

Le serment de Michel Justafré le 17 mars 1761 résume les qualités et les missions qui sont dévolues au baille : " Michel Justafré a accepté et accepte ladite charge de baÿle dudit terroir de Las Illas et a promis et promet de se bien fidelement et loyalement comporter en l'exercice et fonction de sa charge qu'il conservera les droits et prérogatives appartenants à mondit sieur le comte de Darnius, évitera tout ce qui pourra luy être nuisible et pernicieux et qu'il faira bonne justice et en particulier pour tout ce qui concerne le service du Roÿ et l'interest publich et en conséquence il a prêté son serment et homage de fidélité es mains et pouvoir de mondit sieur le comte de Darnius ". Cet agent seigneurial doit être un homme de bonne foi, d'intelligence, de capacité et de bonne vie et mœurs. Il est l'homme du seigneur auquel il est lié par serment, comme dans la chaîne vassalique. Dans la communauté, il est un notable, dont l'autorité est symbolisée par un bâton. Sa charge lui confère également un prestige dans la qualification sociale, d'où l'appellation d'honor dans les actes notariés. Elle lui apporte aussi des revenus, puisqu'il prend sa part sur les amendes qu'il peut infliger aux contrevenants. Dans l'exercice de sa charge le baille doit tout d'abord préserver les droits du comte de Las Illas, puis maintenir l'ordre et la justice, et finalement défendre les intérêts du roi et les intérêts publics. Il est le lien entre l'action du pouvoir seigneurial et du pouvoir royal et les droits des habitants dans le fonctionnement de la communauté. Comment ces missions du baille s'illustrent-t-elles dans le terroir de Las Illas entre les XVIIe et XVIIIe siècles ?
Comme nous l'avons précédemment observé de 1619 à 1727, le baille dirige les principaux propriétaires de la seigneurie lors des cérémonies de prise de possession par le nouveau seigneur. Il préside également les réunions du Conseil Général des habitants en l'absence du viguier et du seigneur. Las Illas étant une petite communauté nous ne possédons que de rares procès verbaux de ces réunions (1741, 1744, 1761, 1777 1782 et 1787). La majorité ont un caractère financier, ce sont des conflits sur les impositions seigneuriales et sur les réparations du presbytère. Gageons qu'en qualité de principal pagès et contribuable, le baille est intéressé au premier chef par ces questions. Cependant il est au Conseil Général d'abord le représentant du roi et de son seigneur. L'assemblée est autorisée dans un premier temps par le viguier du Roussillon et du Vallespir, agent du pouvoir royal, lequel fixe l'ordre du jour et nomme son représentant : " ordonnons au Baille d'y acister en notre nom et veiller a ce qu'il ne s'y passe rien contre le service de sa Majesté " [10]. Cette permission est ensuite accordée par le procureur juridictionnel du comte de Las Illas : " Permetons a Messieurs les baille et consuls du dit lieu de s'assambler pour tenir un conseil général pour délibérer sur les pretencions que mon dit seigneur Comte a sur la ditte communauté pour la dixme de la laine ". A cette assemblée de 1741 assistent donc le baille, Pierre Justafré, et les deux consuls que sont Etienne Justafré et Joseph Laporte. La réunion a lieu sur la place publique, devant la maison curiale, c'est-à-dire à proximité de l'église. D'ailleurs le notaire de Céret, Me Anglès et Royros, rédige et récite son acte " dans l'église de Notre Dame des Illas ". Outre deux témoins pagesos de La Selve, une communauté voisine, le notaire mentionne quatorze membres de Las Illas présents à cette assemblée. Nous remarquons dans ce Conseil général la présence de trois frères Justafré, issus de Joseph Justafré, l'ancien baille. Le premier intervient en qualité de baille (Pierre Justafré), le deuxième en qualité de premier consul (Etienne Justafré) et le troisième en qualité de tenancier (Julien Justafré). La population ne conteste pas le paiement de cette nouvelle dîme et elle nomme un syndic afin de négocier son montant avec le seigneur. Les membres de ce syndic sont Pierre Justafré, le baille, et Marc Delmau, le meunier. Important éleveur de moutons dans la paroisse, le premier saura également défendre les intérêts de la communauté face aux prétentions seigneuriales.
En matière de justice, le baille est chargé de faire respecter les règlements seigneuriaux. Il les annonce publiquement d'où leur nom de criées. Le 1er juin 1666, Joseph Mas fait la publication en place de Las Illas du nouveau règlement sur les herms et le droit de pacage des animaux. Ce contrat emphytéotique avait été convenu le 27 mai 1666 entre le comte de Las Illas et le syndic du Conseil Général (Joseph Mas, le baille, et Joseph Justafré, le premier consul). Ces documents sont rédigés en la maison de Me Antoni Cavaller, docteur en droit et juge ordinaire de la cour du baille de Las Illas. Le texte est certainement lu par Joseph Petit, prêtre de la paroisse de Las Illas, qui en fait la relation en qualité de substitut de Thomas Canta, notaire de Perpignan, lequel est le praticien qui enregistre ces actes. Le baille est donc le dernier rouage de la justice seigneuriale. Il peut être un agent actif de la police et de la justice seigneuriale au plan local : d'une part, il dénonce au juge banneret les bestiaux pignorés [11] et il perçoit une partie de l'amende infligée à leurs propriétaires qui contreviennent au règlement seigneurial sur le pacage des animaux ; d'autre part, il peut témoigner devant ce même juge pour des affaires de police et de sécurité dans la communauté. Toutefois son action demeure limitée comme nous le montre les rares affaires de violence retrouvées dans les archives.
Le dimanche 16 octobre 1662, vers les sept ou les huit heures du matin sur la place publique, une querelle éclate entre Michel Solis et Joseph Petit, le prêtre de Las Illas. Le pagès lui reproche la mauvaise estimation des dégâts que l'on a l'habitude de faire dans ce lieu : " Sr rector viu jo denunciant [Joseph Mas] que arrahonava ab Miquel Solis de dit lloch a cerca de una consuetut ques diu ÿ ha en dit lloch a cerca doles estimes dels danÿs se acostuman fer en dit lloch " [12]. Michel Solis en colère moleste le prêtre qui demande au baille présent de l'arrêter. Michel Solis sort une dague et en menace le baille, lequel appelle à l'aide des pagesos proches, dont Michel Llanso, Michel Justafré mineur, Michel Justafré majeur et son fils Joseph Justafré. Michel Solis se fraye un chemin sur la place grâce à sa dague et il s'enfuit. Par la suite, il est arrêté et maintenu incarcéré à Las Illas durant l'enquête : " incarceribus vice comitatus de Les Illas " [13]. Nous ne savons comment s'achève cette histoire. En revanche, elle nous informe que le baille devait posséder un lieu pour emprisonner les délinquants. Dans la métairie Justafré, les derniers propriétaires nous ont montré dans une cave cet emplacement avec des barreaux que l'on appelait traditionnellement " la prison ". Le baille n'est donc pas armé pour arrêter un individu, surtout armé et qui avait certainement prémédité son coup. Michel Solis voulait sans doute faire pression sur le prêtre pour obtenir une meilleure compensation des dégâts qui lui avait été occasionnés ou il estimait que le prêtre était responsable du retard du remboursement. Nous ignorons le détail de cette affaire. Le prêtre, le baille et les consuls sont des intermédiaires des agents royaux utilisés pour gouverner la population et se surveiller les uns les autres. En 1692, le baille et les consuls de Las Illas doivent, sous la surveillance du curé, distribuer manuellement une somme d'argent à quelques propriétaires dont les blés ont été abîmés par le passage de troupes royales. L'action du baille apparaît limitée au respect des règlements locaux et au respect de l'ordre public. En 1701, Jean Cardone pagès de Massanet-de-Cabrenis, une paroisse voisine située en Catalogne, désire se mettre en possession d'une maison et de terrains que son père avait acquis à pacte de rachat, et dont le délai de rachat était arrivé à terme en 1700. Une sentence de déguerpissement de l'ancien propriétaire ayant été rendue en sa faveur, il demande l'assistance du baille de Las Illas pour éviter tout trouble durant la prise de possession. Le procès verbal dressé par Me Jean Companyo le Jeune, notaire de Céret, le 5 octobre 1701 montre que le baille n'a pas de moyen de pression sur l'occupant de la maison qui refuse d'ouvrir la porte : le juge " a requis audit baille qu'il lui donne l'assistance deue pour prendre la possession de les maison jardins propriétés et feixes mencionnées en ditte requeste et ledit baille après la lecture des dittes requeste et provision sus dittes à lui dit baille faite par moy dit notaire à faire offre de metre icelles et la deue exeqution en vertu desquelles s'est transporté par devant la susditte maison mencionée en la sus ditte requeste par devant de laquelle maison ont trouvé Dominique Puig trabailleur lequel demeure en ditte maison et comme la porte de ditte maison estoit fermée le dit baille lui a déclaré [?] ouvrir laditte porte affin de pouvoir prendre ledit Cardona endit nom la pocession de la ditte maison avec les formalités accoutumées et ledit Puig a faite de responce qu'il ne prétendoit point ouvrir ni faire ouvrir laditte porte " [14]. Il ne reste plus à Jean Cardone qu'à faire le tour de la maison pour symboliser cette entrée en possession. Ce conflit s'est certainement réglé par la suite en famille, car tous les protagonistes de Las Illas et de Massanet-de-Cabrenis (y compris le baille qui se doit d'être neutre et de faire respecter les décisions de justice) sont apparentés et engagés dans des affaires foncières. Le dernier événement que nous pouvons citer pour illustrer une fonction très limitée du baille est une opération commando réalisée par des propriétaires des communautés voisines de Catalogne. En août 1778, les consuls de Maureillas pignorent sept bœufs qu'ils ont trouvés en train de brouter dans le bois que leur communauté exploite sur le territoire de Las Illas [15]. Ils refusent de transiger avec leur propriétaire d'Agullane (paroisse voisine de Catalogne) venu négocier, mais ils lui restituent cinq bœufs et en conservent deux comme preuve. Un domestique envoyé avertir le baille et chercher des provisions les informe que celui-ci ne les autorise pas à emmener les bœufs à Maureillas. Les consuls décident alors de les conserver dans la bergerie du mas Nou qui leur appartient, et d'attendre le lendemain matin pour aller informer le baille dont la métairie se situe à deux kilomètres et demi à vol d'oiseau. Dans la matinée alors qu'ils sont au mas du baille et attendant celui-ci qui est absent, le propriétaire des bœufs et quelques acolytes viennent récupérer les bestiaux saisis par la force et les ramène en Catalogne. L'enquête menée tardivement, en octobre 1778, laisse présager qu'il n'y a pas eu de suite contre les auteurs de cet acte, qui sont parfaitement identifiés et connus, mais à l'abri derrière la frontière de la justice française. Nous sommes ici dans les querelles traditionnelles entre communautés que les autorités locales savent régler dans leur sein. L'absence du baille de Las Illas lors de la pignorade effectuée par les consuls de Maureillas peut s'interpréter comme une action passive vis-à-vis de cette communauté, laissant le temps aux pagesos d'Agullane d'intervenir pour récupérer leurs bêtes.
L'indépendance de ce commissaire seigneurial est donc limité par son implantation foncière et humaine dans le terroir. Il a des intérêts propres à défendre tout en protégeant quand même ceux de la communauté dont il est un membre influent. En 1761, le seigneur de Las Illas crée une charge de sous-baille , lequel a le " pouvoir de dénoncer bans et peines contre les contrevenants aux criées qui se trouvent faites à la réquisition des prédecesseurs de mondit Sr le comte de Darnius ou qui pourront être faites dans la suite " [16] ? Cette fonction subalterne, équivalente à celle d'un garde-champêtre, est alors occupée par un brassier. C'est le moyen de donner une représentation et un pouvoir aux petites gens de la communauté, mais le sous-baille demeure soumis à l'autorité du baille. En mars 1761, Antoine Rosau est le premier sous-baille de Las Illas. C'est un homme en dehors de la mouvance des Justafré, dont les membres et les alliés sont présents dans l'exercice des principales charges municipales. Le comte de Las Illas rappelle alors à Michel Justafré qu'il vient de nommer baille que ses missions sont la défense des droits et des prérogatives seigneuriales, le service du roi et la défense des intérêts publics.


Notabilité et concentration des pouvoirs au XVIIIe siècle au sein d'une famille de la communauté de Las Illas.

La fonction de baille place la famille Justafré dans une situation d'honorabilité sociale. Elle est rappelée avec le statut de pagès dans les actes notariés, dont les contrats de mariage. La liste des témoins et des parents montrent parfois la présence d'autres magistrats seigneuriaux aux mariages des enfants Justafré. Lors de son contrat mariage en 1647, Joseph Justafré fils de Michel Justafré pagès et baille de Las Illas " fint estas cosas de expres consentime[n]t de dits sos pares del honors Pau Quinta i Pere Moner sos cunÿats i del honor Joseph Roÿros son cosi germa i del honor Joa[n] Pere Carbonell balle de la vila de Ceret i del honor Geronim Carbonell sos cosins " [17]. Le 29 octobre 1733, sont rédigées les conventions matrimoniales entre Michel Justafré (dernier baille de Las Illas) fils de Pierre Justafré pagès et baille de Las Illas et Thérèse Mas " donzelle fille légitime et naturelle de Jacques Mas en son vivant pages et baille du lieu de La Selva " [18]. La stratégie matrimoniale vient accentuer le phénomène de concentration des pouvoirs dans une famille et tisser un réseau d'alliance avec les individus exerçant ces fonctions dans les paroisses voisines.
Les pouvoirs de justice seigneuriale et de police municipale viennent compléter les autres rouages dominés par la famille Justafré. Il y a d'une part la puissance économique de ces pagesos. Le baille de Las Illas est le contribuable le plus imposé au vingtième : en 1773, sur 21 contribuables et un total de 86 livres et 10 sols, Michel Justafré (fils de Pierre) paye 19 livres 19 sols et 6 deniers, son oncle Etienne Justafré paye 7 livres 4 sols et 6 deniers, et son cousin Joseph Justafré (fils de Julien) 1 livre et 6 sols [19]. Il y a d'autre part les charges municipales et religieuses qui sont très souvent exercées par les membres de cette famille. En 1715, Joseph Justafré pagès et baille de Las Illas est également marguillier majeur de l'église. En 1741, son fils Pierre est baille et son fils Etienne est consul… Nous avons observé qu'ils font régulièrement partie des syndic nommés pour défendre la communauté contre les prétentions seigneuriales. En 1782, à propos d'un conflit sur la dîme, le syndic comprend Pierre Justafré, le fils du baille, et le sieur Antoine Anglès, propriétaire du mas Llanso, bourgeois de Céret (sûrement apparenté aux notaires de cette ville) [20]. Remarquons que l'acte est signé par Michel et Pierre Justafré, ce qui montre le développement culturel de cette famille. Au XVIIIe siècle, ce qui a favorisé cette prépondérance dans les fonctions au sein de la communauté est la vitalité démographique de cette famille. Joseph Justafré (1663-1749) a quatre fils installés à Las Illas. Ainsi les membres directs de la lignée du baille ou ses collatéraux et ses cousins se retrouvent alternativement aux diverses charges municipales. Ce qui laisse penser que les actions menées le sont en étroite entente et collaboration. Ce qui n'est pas le cas à La Selve où les habitants refusent d'exercer la fonction de consul se plaignant des violences que leur fait subir leur baille. Le 26 février 1714, devant notaire, ils déclarent que " Pierre Picas et François Bizern consuls dudit terroir estant passe leur année de consulat ont voleu faire élection de consuls dudit terroir en la forme accoutumée et ont proposé aux dits Joseph Picas, Jacques Bizern, François Puig, François Picas, Antoine Piques et Bonaventure Picas qu'il faudroit faire consuls lesquels touts d'une voix ont répondu qu'ils ne prétendent estre consuls dudit terroir tant que Jacques Mas à présent baille sera baille dudit terroir causes et raisons suivantes sçavoir que ledit Jacques Mas baille traite formal à touts les consuls sans resun et leur menasse de leur couper les bras et les jambes et permet aussi que les frere[s] et domestiques menassent tant les dits Srs consuls que les habitants dudit terroir faisant iceux fort bien et exactement le service du Roÿ et qu'outre cela permet à ses bergers de faire paitre son betal tant aux bleds qu'autres grains semés des habitants dudit lieu à cause de sa supériorité et quant lesdits habitants s'en vont à luy faire plainte du dommage causé par son bétal et du mal parler de ses domestiques, leur menasse de leur doner de coups de bastons et par toute conclusion tant lesdits Srs consuls que les dits habitants ne prétendent et ne veulent estre consuls ny avoir aucune charge estant ledit Mas baille et après qu'il dit Mas sera sorti de baille touts soffrent à concurrir tant au consulat qu'autres charges nécessaires tant pour le service du Roÿ que pour les affaires du comun dudit terroir de La Selva " [21]. Ils semblent avoir été entendus puisqu'en 1729, François Picas préside en qualité de baille le Conseil général de La Selve [22]. Mais la famille Mas retrouve cette fonction et la cumule même avec celle de consul, puisqu'en 1739 Jacques Mas est baille et consul de La Selve [23]. Notons que cette famille dirigeante de La Selve est issue d'une branche cadette de celle qui concurrençait les Justafré au XVIIe siècle à Las Illas. La lignée principale de la famille Mas disparaît de Las Illas au début du XVIIIe siècle, laissant la première place dans la direction de la communauté à la famille Justafré. Les autres familles de Las Illas, constituées de nouveaux arrivants, participent aussi à la vie municipale. Il n'existe pas de monopole familial sur ces charges puisque brassiers et pagesos les exercent à tour de rôle : Delmau, Guisset, Laporta… Or bon nombre de ces personnes sont devenus des alliés de la famille Justafré, apparentés au baille ou à ses cousins. Par le jeu des unions entre les nouvelles et les anciennes familles, elles appartiennent à la maison Justafré. Ce soutien fonctionne par exemple en 1775 lorsque la maison Justafré est impliquée dans une histoire de contrebande de grains. La famille utilise les services d'un avocat pour établir une défense argumentée et démontrant les abus commis par les agents de la Régie. Les magistrat de Las Illas fournissent également un certificat : " Nous soussignés Michel Justafré baile et J[osep]h Delmau et Paul Barris consuls de Las Illas certifions en faisant la présente déclaration en foy comme le sieur Pierre Justaffré habitant de ce lieu de Las Illas ont nous, a faite obligation de nous fournir deux charges et demy grains d'un ou autre pour semence pour les habitants de notre communauté de ce lieu de Las Illas, et par la consummation, et sur tentation de sa maison de la famille, ou le d[] Pierre Justaffré et obligé de fournir le grain que nous avons accordé " [24]. Le 5 juillet 1775, Pierre Poeÿdavant, subdélégué général de l'intendance du Roussillon, ne suit pas la réquisition de l' " adjudicataire général des fermes unies de France ". Il arrête les poursuites contre Michel et Pierre Justafré et annule la saisie des grains : " Nous subdélégué général susdit fesant droit aux parties avons déchargé et déchargeons lesd[] père et fils Justaffré des fins de l'assignation à eux donnée par le susd[] procés verbal, leur accordons pleine et entière main levée de la saisie sur eux faite de neuf charges quatre mesures petit millet, dont le sequestre sera tenu de leur faire la remise ". Les agents de la Ferme ne peuvent alors que constater ce manque de sévérité qui rend plus fréquentes les contraventions et rend illusoire l'application " des loix du royaume, dans un endroit où il est si facile d'y contrevenir, puisque la proximité de Las Illes aux terres d'Espagne rend presque impossible de surprendre les contrevenants dans le passage ". Les agents du roi ne sont pas véritablement capables de surveiller cet espace frontalier, ainsi le pouvoir des magistrats locaux en est-il renforcé, tout comme leur indépendance. Apparaît ici l'ambivalence de la seigneurie, qui d'une part part exige le respect de ses droits et augmente les prélèvements fiscaux sur la communauté, mais qui d'autre part, grâce à ses règlements et son agent local, défend cette même communauté contre les abus des paroisses voisines et des agents royaux. Lorsqu'en 1787, l'assemblée des habitants doit élire un syndic et trois membres pour composer l'assemblée municipale, son choix du premier magistrat se porte tout naturellement sur Michel Justafré le baille. Finalement il existe une concentration progressive des pouvoirs seigneuriaux et municipaux dans cette ancienne famille qui construit et affirme son emprise sur ce terroir au cours du XVIIIe siècle.
Le siège de ce pouvoir au sein de la communauté est symbolisé par la métairie Justafré. Ce mas familial nommé " mas Duran d'en Justafré " au XVIIIe siècle devient le " mas del Baille " au XIXe siècle. Ce qualificatif sert alors à distinguer les deux branches issues de cette lignée, lesquelles dirigent deux importantes exploitations à Las Illas et exercent alternativement les fonctions de maire au début du XIXe siècle. Le prestige des fonctions passées est rappelé en 1846 lorsqu'il s'agit de défendre les intérêts d'un rejeton impliqué dans l'affaire des Trabucaires, ces bandits rançonneurs et pilleurs de diligence : son avocat " parlant de la famille de cet accusé, il la représente comme l'une des plus honorables de la contrée, puisqu'avant la première révolution, c'est dans son sein qu'on choisissait les batlles, et depuis les maires " [25].


En conclusion, au cours du XVIIIe siècle, la famille Justafré de Las Illas monopolise la fonction de baille, faisant de cette magistrature seigneuriale un élément de son patrimoine héréditaire. Cette évolution s'accompagne également d'une concentration des charges municipales à travers divers représentants directs ou indirects de leur parenté. Dans un contexte de relative indépendance des institutions municipales, le baille de Las Illas, de par son statut, garantit les droits seigneuriaux et le respect des droits de la communauté.

 

NOTES

[1] La casa pairal est lamais maison des créateurs du lignage, conservée sur plusieurs générations. Elle est constituée des personnes vivant dans la même maison et disposant d'un patrimoine commun, sous l'autorité du cap de casa (chef de maison).

[2] Archives historiques de Gérone. Darnius 5, 11. Etablissement sur deux manses à Las Illas le 23 janvier 1551 par Pierre de Darnius à Michel Justafré, pagès.

[3] Nous utilisons l'orthographe de "baille" plutôt que celle de l'ancien terme de bailli", qui apparaît au XIIe siècle, car elle est plus proche du catalan "batlla" que nous retrouvons dans les documents.

[4] AD66 : 1 E 34. Acte du 7 avril 1619.

[5] AD66 : 1 C 1767. Acte du 27 mai 1666. Le surnom de Calot est un suffixe à Michael, indiquant que cette personne est plus jeune qu'une autre portant ce même prénom.

[6] AD66 : 2 B 27. Registre C. 14 à 16.

[7] AD66 : 1 E 286. Prise de possession du 26 juin 1718.

[8] AD66 : 3 E 40/492. Prise de possession du 25 février 1727.

[9] AD66 : 3 E 16/508. Nomination de baille du 17 mars 1761.

[10] AD66 : 3 E 40/496. Conseil général de l'université laïque de Las Illas du 5 mars 1741.

[11] La pignorade est le droit de saisir les animaux en infraction.

[12] AD66 : 1 E 34. Témoignage du 21 octobre 1662 de Joseph Mas baille de Las Illas.

[13] AD66 : 1 E 34. Note du 5 septembre 1663 d'Antoni Cavaller, juge ordinaire de la cour du baille du comte de Las Illas : "incarceribus vice comitatus de Les Illas".

[14] AD66 : 3 E 40/425. Acte du 5 octobre 1701.

[15] AD66 : 11 Bp 1048. Cahier des informations de 1778.

[16] AD66 : 3 E 16/508. Acte du 17 mars 1761.

[17] AD66 : 3 E 40/295. Contrat de mariage du 18 septembre 1647, retenu par Joseph Ferrer, notaire de Céret.

[18] AD66 : 3 E 40/494. Contrat de mariage du 29 octobre 1733, retenu par Me Joseph Angles y Royros, notaire de Céret.

[19] AD66 : C 944. Rôle du vingtième de 1773.

[20] AD66 : 3 E 40/663, f° 20. Acte du 8 janvier 1782, retenu par Me Jacques Companyo, notaire de Céret.

[21] AD66 : 3 E 40/526, f° 107. Acte du 26 février 1714, retenu par Me Félix Companyo, notaire de Céret.

[22] AD66 : 3 E 40/493. Conseil général de La Selve du 25 février 1729.

[23] AD66 : 3 E 40/496. Conseil général de La Selve du 22 avril 1739.

[24] AD66 : 1 C 1026.

[25] Procès de l'association de malfaiteurs de Las Illas dits Trabucayres, arrêt du 28 mars 1846, impr. Tastu, Perpignan, page 36.